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Antoine Huynh

La tête dans les nuages

« Il parait que je suis né à Saïgon (au Vietnam) le 13 septembre 1961 » s’amuse Antoine Huynh. D’un père colonel et d’une mère chanteuse renommée, il a été abandonné à seulement 3 jours et adopté par la directrice de sa maternité natale. « On m’a donné le nom “Ngo“ et le prénom “Gnoc Quy“ qui signifie “pierre précieuse“. “Antoine“ est mon nom de baptême au Vietnam. » Son enfance se déroule plutôt bien puisque sa famille est plutôt aisée, ce qui lui permet d’aller à l’école. Mais rapidement la guerre éclate et le jeune Antoine « apprend pour survivre » mais aussi pour « avoir une chance de devenir quelqu’un ». Témoin d’atrocités et de bombardements réguliers, il se souvient que le cessez-le feu entre le Nord et le Sud a été signé en France quand il a eu 11 ans. À 14 ans, il change d’école suite à l’invasion du Sud par le Nord et tombe amoureux d’une fille qui veut qu’il apprenne la guitare, ce qu’il fera ! Puis, le climat de plus en plus tendu le pousse à prendre la décision de rejoindre sa sœur, en France, au prix d’un voyage qui a failli lui coûter la vie.

Réfugié politique

Au bout de trois tentatives, le “boat people“ atteint miraculeusement la Malaisie, après avoir sauvé de la noyade deux enfants. On lui demande où il souhaite aller. « Je me souvenais d’une bande dessinée, le “Schtroumpf cosmonaute“. Lorsqu’il rêve, il voit un magnifique ciel étoilé. J’ai toujours été persuadé que c’était le ciel de la France et je désirais absolument le voir. » C’est ainsi qu’Antoine arrive en région parisienne en décembre 1977, en tant que réfugié politique. Les premières nuits sont dures : « J’ai découvert le froid. » Étant mineur, il est placé par la DDASS dans un centre professionnel à côté de Meaux.

« Je rêvais de devenir fonctionnaire pour “fonctionner“ fidèlement au service public et ainsi prendre le contre-pied de ce qui m’a coûté mon pays » explique le réfugié. Il demande rapidement à devenir Français pour avoir un avenir et surtout pouvoir s’engager dans l’armée et ainsi « défendre mon pays pour ne pas le perdre pour une deuxième fois ».

La découverte du Montcel

Antoine va s’engager dans tout ce qu’il entreprend et profiter de cette nouvelle vie qui lui est offerte. Il saisit toutes les opportunités qui se présentent à lui et apprend ainsi la voile lors d’un voyage en camp d’été. Grâce à ses bons résultats en
mathématiques, il intègre une école de comptabilité. À 18 ans, il apprend le ski au cours d’un voyage à Mégève organisé par la DDAS. Constatant que les animateurs ne font pas leur travail, il décide de s’occuper des enfants qui l’accompagnent. « C’est ainsi qu’est née ma vocation ». Comme il finit ce qu’il entreprend, Antoine attend d’être diplômé de comptabilité avant de passer son BAFA, pour devenir éducateur. Par un hasard de connaissance, il se retrouve animateur stagiaire lors d’une colonie de vacances au Montcel en 1980. « J’ai vu la montagne et ai formulé un rêve : si seulement un jour je pouvais vivre ici ! ».

Le jeune diplômé en comptabilité est tout de même tenté d’intégrer une banque avant d’être contacté par la Mairie de Chilly-Mazarin : « Ils avaient besoin d’un animateur pour une classe de neige. J’aimais tellement le contact avec les enfants que j’y suis allé » raconte Antoine qui se souvient de les avoir fait chanter et danser avec sa guitare. Quelque mois plus tard, il doit assurer le fonctionnement du centre avec ses collègues, en autonomie. Il entre ensuite au service de la commune comme vacataire et en parallèle, obtient la nationalité française. « C’est Annick Lebraud qui m’a annoncé la nouvelle. Depuis, elle est pour moi ma “maman“ française. »

Directeur pédagogique du centre

En 1985, il est logiquement appelé à faire le service national et part un an au 13e régiment des chasseurs alpins à Chambéry dans la section de commandement. « Tout le monde me voulait : le médecin parce que je suis secouriste, le capitaine chargé de l’intendance parce que je suis comptable, la compagnie d’instruction parce que je suis pédagogue… » explique le jeune appelé qui se retrouve parrain de l’enfant du commandant en second et termine son service en recevant le premier prix de civisme ! De retour au Montcel, il est titularisé en tant que commis, faisant fonction de directeur pédagogique. Passionné d’astronomie, il se forme et transmet ses connaissances aux enfants lors de séances d’observation des étoiles. « L’animateur doit s’occuper de tout : l’animation, bien sûr, mais aussi le coucher, le lever, la douche, le linge, les repas… Nous ne remplaçons pas les parents mais nous devons faire passer aux enfants des moments qui vont les marquer et les faire grandir. » C’est avec cette philosophie qu’Antoine va évoluer au Montcel et former bon nombre d’animateurs.

Mes rêves se sont réalisés

Entre 1989 et 1991, Antoine revient habiter à Chilly-Mazarin pour être proche de sa petite amie de l’époque. D’abord nommé directeur adjoint de l’accueil de loisirs maternel du Centre, Antoine va ensuite assurer le secrétariat du conservatoire de musique de la Ville puis intégrer le service comptabilité au sein de l’administration communale avant de retourner au Montcel pour y rester jusqu’à son récent départ en retraite, le 1er avril dernier. « Finalement, presque tous mes rêves se sont réalisés » confesse le “jeune“ fonctionnaire retraité qui a été animateur, directeur, comptable, cuisinier, guitariste et qui est aussi pilote d’avion, chasseur alpin, formateur de ski, membre actif de la paroisse, conseiller municipal et, depuis 2020, Maire du Montcel. « Je le suis devenu par nécessité. Ce n’est pas une victoire, c’est une responsabilité », insiste Antoine qui, suite à son départ à la retraite, souhaite le meilleur à ses collègues, « une équipe dévouée avec qui j’ai eu beaucoup de chance de travailler ! »

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