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Cérémonie du 80e anniversaire de la Rafle du Vel’ d’Hiv’

Chilly Mazarin > Retours en images > Cérémonie du 80e anniversaire de la Rafle du Vel’ d’Hiv’

Dimanche 17 juillet, a eu lieu le 80e anniversaire de la Rafle du Vel d’Hiv’.

Discours de Rafika Rezgui, Maire :

Mesdames, Messieurs,
Le 16 Juillet 1995, pour la première fois, un président de la République française reconnaissait la responsabilité de la France dans ce qui restera la page la plus sombre de l’histoire de notre pays. « Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays. ». C’est par ces mots que Jacques Chirac entame son discours historique de commémoration de la rafle du Vel d’hiv du 16 et 17 juillet 1942.
Avec des mots justes, il rappellera cet épisode tragique et reconnaitra à jamais la part de ceux qui collaborèrent avec l’ennemi de la patrie des droits de l’homme pour commettre l’irréparable :
« le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la Capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs, furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police. » « La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. Conduites au Vélodrome d’hiver, les victimes devaient attendre plusieurs jours, dans les conditions terribles que l’on sait, d’être dirigées sur l’un des camps de transit – Pithiviers ou Beaune-la-Rolande – ouverts par les autorités de Vichy. L’horreur, pourtant, ne faisait que commencer. Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible. »
Dans ce discours qui nous décrit l’impensable horreur commise par des hommes qui semblaient ordinaires, Jacques Chirac nous adresse aussi un message de vigilance pour que plus jamais ne puisse être dit que l’on ne savait pas :
« Quand souffle l’esprit de haine, avivé ici par les intégrismes, alimenté là par la peur et l’exclusion. Quand à nos portes, ici même, certains groupuscules, certaines publications, certains enseignements, certains partis politiques se révèlent porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d’une idéologie raciste et antisémite, alors cet esprit de vigilance qui vous anime, doit se manifester avec plus de force que jamais. En la matière, rien n’est insignifiant, rien n’est banal, rien n’est dissociable. Les crimes racistes, la défense de thèses révisionnistes, les provocations en tous genres – les petites phrases, les bons mots – puisent aux mêmes sources.»
Alors qu’une partie de nos concitoyens sombraient dans la collaboration avec l’ennemi en s’en prenant à nos semblables parce qu’ils étaient juifs, d’autres Français faisaient honneur à notre devise républicaine, portant haut et fort la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.
C’est ainsi que Jacques Chirac nous évoque cette autre France résistante et fidèle à ses valeurs humanistes : « Je veux me souvenir que cet été 1942, qui révèle le vrai visage de la « collaboration », dont le caractère raciste, après les lois anti-juives de 1940, ne fait plus de doute, sera, pour beaucoup de nos compatriotes, celui du sursaut, le point de départ d’un vaste mouvement de résistance. Je veux me souvenir de toutes les familles juives traquées, soustraites aux recherches impitoyables de l’occupant et de la Milice, par l’action héroïque et fraternelle de nombreuses familles françaises. Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une faute collective. Mais il y a aussi la France, une certaine idée de la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n’a jamais été à Vichy. Elle n’est plus, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les sables libyens et partout où se battent des Français libres. Elle est à Londres, incarnée par le Général de Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le cœur de ces Français, ces « JUSTES PARMI LES NATIONS » qui, au plus noir de la tourmente, en sauvant au péril de leur vie, comme l’écrit Serge Klarsfeld, les trois-quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce qu’elle a de meilleur. Les valeurs humanistes, les valeurs de liberté, de justice, de tolérance qui fondent l’identité française et nous obligent pour l’avenir. »
Oui, il y a eu l’horreur et il y a eu l’espoir. Les justes restent à jamais nos héros. Parmi eux la famille Dupont dans les Deux-Sèvres qui recueillit la petite Lisette alors âgée de 7 ans. Quelques jours plus tôt, avec sa mère et sa sœur, elle était arrêtée chez elle par des policiers français puis conduite au Vel d’Hiv. Le sort a voulu qu’elle échappe à la déportation que connut le reste sa famille. C’est auprès des Dupont qu’elle trouvera refuge jusqu’à la Libération. Les Dupont, comme plus de 4000 Français, ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’Humanité.
Nous souvenir de ces moments tragiques de notre histoire est le devoir de tout Français. Parce que la puissance du discours du président Jacques Chirac est toujours intacte aujourd’hui, je veux finir par ses mots sur le devoir de mémoire : « Transmettre la Mémoire du Peuple juif, des souffrances et des Camps. Témoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’Etat. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre. Cet incessant combat est le mien autant qu’il est le vôtre. »

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