image_pdfimage_print

Chloé Wary – auteure de bande dessinée

Chilly Mazarin > Portraits > Chloé Wary – auteure de bande dessinée

Chloé Wary est dans la BD un peu comme sur un terrain de football, une « défenseuse centrale » : toujours dans le cœur de l’action, à l’aise sur la vision du jeu, en recherche de bonnes passes et attentive à son placement.

Si son père a tenu à ce qu’elle naisse à Paris, Chloé Wary a grandi et fait sa scolarité à Chilly-Mazarin, « en esquivant tous les voyages scolaires. Pas de bol » précise-t-elle. À la maison, « chacun est peu dans sa bulle », métaphore l’autrice. Un père un peu effacé et très mélomane, une mère qui « contrôle tout ». Chacun cultive ses passions et parfois ils se rejoignent, pour chanter, ou pour supporter le club de football du Paris Saint-Germain. Passionnée de football, la jeune Chiroquoise joue avec les garçons dans la cour de récréation, d’égale à égal. Comme tout enfant, Chloé pense que sa famille est la norme, « avec un schéma plutôt matriarcal ». Cette représentation va être chamboulée à l’arrivée au collège et par sa fréquentation de la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) de la Ville.

Devenir autrice

C’est à la MJC de Chilly-Mazarin qu’elle commence le dessin, avec Suzanne Sarazin, une artiste chiroquoise. « Toute ma sensibilité artistique plastique vient d’elle » lui rend hommage Chloé, « elle m’a toujours poussée et encouragée. » Elle intègre ensuite le cours de bande dessinée (BD), monté par Éric Calmels, professeur au centre artistique Camille Lambert à Juvisy. « A l’époque, je mange des shôjos* à volo » explique l’autrice, alors âgée de 13 ans. « Ce qui me plait, c’est de m’identifier aux personnages en lien avec ma réalité d’ado. » La jeune Chiroquoise adore le dessin mais souhaite déjà le « dépasser ». Elle veut raconter des histoires comme les mangakas japonaises. Elle veut devenir autrice.

MJC, cœur de cité

« Ma mère nous a toujours poussées ma sœur et moi à faire des activités artistiques à la MJC », raconte Chloé Wary qui est, encore aujourd’hui, choquée, marquée et dans « l’incompréhension totale de la destruction, en 2015, de ce lieu de vie si précieux », son « cœur de cité », comme elle l’exprime indirectement dans son dernier livre, “Rosigny Zoo“. Chloé a toujours observé chez ses parents qu’ils « gagnent de l’argent mais ne s’éclatent pas » tout en insistant pour qu’elle fasse ce qu’elle aime. La MJC disparue, elle poursuivra sa passion en intégrant le lycée parisien Auguste Renoir afin de préparer son diplôme des métiers d’art (DMA). Encore bouleversée par la démolition de la MJC, la jeune autrice va trouver de nouvelles inspirations en faisant de nouvelles rencontres.

Faire partie de ce monde

Inspirée par Marjane Satrapi et son œuvre “Persepolis“, Chloé est admirative du courage des femmes du monde arabe qui « vont chercher un soupçon de liberté à travers l’art. » Ainsi, durant l’écriture de son mémoire “Les femmes et l’art dans le monde arabe, entre image et émancipation“, elle était « une journaliste, une chercheuse, une sociologue ». C’est finalement à côté de chez elle, à la médiathèque de Chilly-Mazarin, qu’elle va trouver l’ouvrage-clé de son projet, le livre “révolution sous le voile“ de Clarence Rodriguez, envoyée spéciale de France Inter en Arabie Saoudite. La jeune autrice écrit l’histoire fiction de la première révolution des femmes au volant en 1990 en Arabie Saoudite et est repérée par une maison d’édition. Elle sort son premier livre “Conduite interdite“ en 2017 aux éditions Steinkis et commence enfin à se sentir « à sa place. »

Parler de féminité

Avoir intéressé un éditeur rend concret son métier d’autrice. Chloé participe à ses premières séances de dédicaces en festival BD. « J’observe et je prends note », explique la Chiroquoise, qui fait le choix d’une année d’étude supplémentaire pour approfondir ses savoir-faire et « trouver son style ». Pour elle, c’est le feutre. L’année d’après, en 2018, Chloé Wary intègre la section féminine du Football Club de Wissous, au sein duquel elle joue toujours aujourd’hui. « Écrire sur des femmes saoudiennes m’a donné la force de réfléchir et d’écrire sur ma propre féminité », précise Chloé qui désormais souhaite aborder la place des femmes dans le sport, dans la société. Elle doit gagner sa vie en parallèle, ce qui rend compliquée l’avancée de son ouvrage mais y parvient malgré tout. “Saison des Roses“, l’histoire d’une jeune footballeuse, sort en 2019 et reçoit un accueil phénoménal. « C’est ce livre qui me conforte dans mes intentions d’autrice de BD et me permet d’être là aujourd’hui. »

Le grand bain

Récompensée par six prix dont celui du public au festival d’Angoulême 2020, l’autrice entre « dans le grand bain » et reçoit de nombreuses sollicitations. C’est ainsi qu’elle répond à une commande pour le 250e anniversaire de Beethoven. « Je suis sortie de ma zone de confort mais pour la première fois, j’ai touché un salaire pour faire de la bande dessinée ! » “Beethov sur Seine“ sort discrètement en plein confinement. Entre-temps, Chloé signe à nouveau avec “FLBLB“, « mon éditeur coup de cœur » et se relance sur un 4e projet qui est un prolongement de “Saison des Roses“. Cela se passe dans la même banlieue, à “Rosigny-sur- Seine“, une ville inventée et inspirée entreautres de Chilly-Mazarin, et notamment par la « tragique démolition de la MJC. » Elle y évoque la difficulté d’entrer dans la vie adulte, d’une façon un peu autobiographique. La « période Covid » lui donne l’occasion de créer un jeu de société “Dream team“ sur le football, pour lequel une après-midi jeu sera consacrée à la médiathèque de Chilly-Mazarin.

Reflexions

Chloé a pris du temps pour fouiller ses intentions, d’autant qu’un florilège d’émotions l’a parcouru durant 9 mois, en attendant une heureuse arrivée. Elle a terminé son livre “Rosigny Zoo“ 15 jours avant d’accoucher de son premier enfant avec son conjoint, Guillaume Berten, qu’elle a connu au collège Les Dînes-chiens, et qui est aussi une figure chiroquoise engagée puisqu’il vient de prendre la présidence du Rugby Club de Chilly-Mazarin. La jeune maman a maintenant envie de parler de l’adolescence, interroger leurs rapport au monde, questionner leurs manque de projection, « l’enfermement dans un “fake“ ». Cette thématique, déjà présente dans Rosigny zoo, interpelle l’autrice. « C’est omniprésent chez les jeunes, cette envie de devenir riche mais qui s’accompagne souvent d’un vide de sens sidéral ». Cette réflexion s’accompagne d’une envie de transmettre, qui s’exprime déjà dans les résidences d’artistes qu’entreprend la « Chiroquoise de cœur » qui est impatiente qu’un centre culturel, un « cœur de cité en danger mais pas dangereux » revoie le jour à Chilly-Mazarin.

Contact

Direction de la Communication
Hôtel de ville
Place du 8 mai 1945

91380 Chilly-Mazarin
Tél : 01 69 10 37 00
Formulaire de contact

Bio express

• Rosigny Zoo, FLBLB, 2023
• Dream Team, jeu de société, La Ville Brûle, 2021
• Beethov sur Seine, Steinkis, 2020
• « La Queen », dans Pandora n°5, Casterman, 2020
• Saison des Roses, FLBLB, 2019
• Conduite interdite, Steinkis, 2017

Retrouvez Chloé Wary sur des festivals :
• BD Colomiers, 17–19 novembre à Colomiers
+ exposition Beau jeu, Mauvais genre Chloé Wary / Lila Neutre à Pavillon Blanc
• FIBD, du 25 au 28 janvier 2024 à Angoulême
+ exposition collective
Ou en interview sur France Inter : https://urlz.fr/o5V9