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Chilly Mazarin > Portraits > Jacques Abecassis

Le Chiroquois Jacques Abecassis est né en 1925 à Rabat, au Maroc. Sportif et un peu artiste, il dessine régulièrement et peint, comme en témoignent aujourd’hui toutes ses toiles exposées dans son appartement. Quand il était enfant, ses parents, fonctionnaires français travaillant d’abord en Algérie puis au Maroc, ne revenaient en France qu’une fois par an, pour s’y détendre en famille. « Pour moi, l’essentiel c’était les bains de mer. La France me plaisait partiellement à part les sucres d’orge et les opérettes que nous allions voir au Casino des Fleurs à Vichy ». Le jeune Français se souvient d’une enfance heureuse dans une maison « avec un jardin devant et derrière » jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale éclate en 1939.

L’appel du Général de Gaulle

L’appel du 18 juin va changer sa vie. « J’ai entendu l’appel du Général de Gaulle et j’ai voulu y répondre », précise le jeune garçon qui veut aussitôt rejoindre les alliés en Angleterre. Mais il doit attendre ses 18 ans et la venue du général Leclerc pour s’engager dans l’armée. C’est à ce moment qu’a été fondée la deuxième Division Blindée avec les engagés français déjà présents au Maroc et ceux qui ont fui la France occupée et gagné le Maroc en traversant l’Espagne. Le jeune Jacques quitte ainsi sa « vie confortable » pour un voyage en mer de quinze jours durant lequel il tombera malade jusqu’à
son arrivée en Angleterre. Le jeune soldat, conducteur de Jeep, éprouve quelques difficultés à s’habituer à la conduite à gauche mais y parvient sans accrocs. Il est alors question que la deuxième division blindée soit la première à partir pour le débarquement en France, ce qui est finalement annulé. « J’ai vécu le débarquement en Normandie dans le journal, en juin 1944. Puis, quelques semaines plus tard, en août 1944, nous sommes partis à notre tour. »

À peine arrivé en Normandie, la troupe prend part aux batailles de la poche de Falaise. « Cela vient de la forme des troupes américaines qui encerclaient les troupes allemandes » explique la jeune recrue qui n’était pas directement combattant mais réglait les fréquences des postes radios. « Les Allemands ont rapidement capitulé mais nous n’étions qu’au début de notre avancée » précise le soldat qui tenait un carnet de bord dans lequel il écrivait « presque tous les jours ». Le Général Leclerc a ensuite obtenu de marcher vers Paris pour libérer la capitale après de longues négociations avec le Général Eisenhower, qui pensait que cela mobiliserait trop de troupes.

Les libérateurs

« Je suis passé à Chilly-Mazarin le 24 août 1944. Une femme est venue vers moi et m’a embrassé sur les deux joues, tellement heureuse de nous voir », se souvient Jacques. « Le lendemain, le général de Gaulle est arrivé pour défiler sur les Champs Élysées. J’avais dormi dans le jardin des Tuileries sur mon camouflage en guise de tapis de sol. J’ai pu voir le spectacle du haut des murs du parc. »

« Gonflée à bloc », la deuxième division blindée a continué son voyage guerrier. Arrivés en Moselle, les troupes restent bloquées un moment. « J’ai dû engager mon véhicule sur un pont endommagé pour faire une reconnaissance. J’entendais les tirs allemands. J’ai alors mis mon casque pour la première fois ! » Le temps de faire passer la rivière à tous les blindés, les soldats passent la nuit sur place en dormant où ils pouvaient. « Il y avait une maternité pas très loin. J’y ai couché, avec ma mitraillette dans le berceau. »

Jacques est ainsi allé en Allemagne, « jusqu’au nid d’Aigle d’Hitler ». Il était surpris de voir le bon accueil des Allemands qui les acclamaient « en faisait le “V“ de la victoire avec leurs doigts. » Une fois l’armistice signé, les troupes sont restées quelques semaines en Allemagne et en Autriche avant de rentrer en France. « Nous logions dans de très belles maisons qui avaient été construites pour les officiers et les riches sympathisants nazis » se rappelle le soldat. Puis les troupes sont retournées en France pour déposer tout le matériel à Champigny, dans l’Yonne. En attendant la démobilisation, les jeunes soldats profitent alors de l’euphorie de la fin de la guerre.

Par la suite, Jacques Abecassis retrouve sa famille à Rabat, passe son bac puis retourne en France pour y faire des études techniques à Paris. C’est d’ailleurs en allant voir pour une location chez l’habitant qu’il rencontra une fille qui deviendra sa femme. Il fait ensuite carrière comme technicien commercial et fonde une famille. Ce n’est que des années plus tard qu’il décide d’acheter une maison à Longjumeau « parce que je me souvenais avec émotion de mon passage là-bas » où il restera longtemps avant de déménager dans un bel appartement à Chilly-Mazarin près de la plaine de Balizy, « dans la nature » et bien entendu avec un jardin devant et derrière. Jacques est maintenant presque centenaire. Il est volontaire, a toute sa tête et tient à tout faire par lui-même. Il a toujours été sportif et adore particulièrement le ski, qu’il a pratiqué jusqu’à ses 94 ans ! Il est fier que sa commune commémore le serment de Koufra de la deuxième Division Blindée du Général Leclerc et il accompagne ce devoir de mémoire d’un souhait pour les jeunes générations : « Profitez de la vie ! »

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