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Journée du souvenir des déportés

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Discours de Rafika Rezgui, Maire le dimanche 24 avril

“Madame la Députée,
Monsieur le Conseiller régional,
Madame la Conseillère départementale,
Mesdames et Messieurs les élus,
Messieurs les représentants des anciens combattants,
Messieurs les représentants des forces de l’ordre,
Mesdames et Messieurs,

Ce matin encore, le souvenir nous rassemble au pied de ce monument, comme tous les derniers dimanches d’avril, à l’occasion de la Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation.

Aujourd’hui, un peu partout en France, nous célébrons la mémoire des victimes du plus grand crime jamais perpétré contre l’humanité ainsi que l’héroïsme de ceux qui en ont réchappé par la lutte incessante au sein de la résistance.

En ce jour du 68ème anniversaire de la Journée nationale de la déportation, la Ville de Chilly-Mazarin s’associe aux associations patriotiques qui nous invitent par leur message et leur témoignage bien plus qu’au souvenir, au devoir de mémoire, au devoir d’Histoire.

C’est bien cela l’enjeu. Plus que jamais, cette histoire doit être entretenue avec fidélité pour ne pas subir l’injure de ceux, qui, sous le poids du reproche et de la culpabilité, voudraient la changer.

Lorsqu’à partir de janvier 1945, les premières portes des camps de concentration et d’extermination nazis s’ouvrent, le monde découvre avec effroi et stupeur l’ampleur d’un désastre humain sans précédent. Le monde entier découvre « l’enfer organisé » des camps de concentration. L’Europe n’est plus qu’un vaste champ de ruines.

Devant cet insoutenable spectacle, l’humanité rédigeait les pages les plus sombres de son histoire, écrite avec le sang des innocents, que ni les années, ni les siècles, ne pourront effacer de notre mémoire collective.

Si la libération des survivants de cette barbarie est un soulagement, elle a pour beaucoup le goût amer des larmes du deuil et de la désolation.

À la joie de retrouver la liberté, se mêla l’immense tristesse ne n’avoir pu sauver à temps les innombrables victimes.

Des déportés succombèrent aux maladies, à l’épuisement physique, à la famine et au désespoir. Ce fut le cas de Pierre Letourneau, communiste, résistant et citoyen chiroquois, mort d’épuisement le 17 janvier 1945 à l’âge de 36 ans dans le camp de Nuengamme alors que sa femme Raymonde, déportée à Ravensbrück, en sera l’une des rescapées. Honorer leurs mémoires et leur courage est un devoir pour nous tous Chiroquois.

Les rescapés sortiront frappés à tout jamais du sceau de leurs inguérissables blessures : les images de l’horreur côtoyée durant des mois hanteront nuit et jour leurs souvenirs.

77 ans après, nous pensons à tous ceux qui ont été déportés, torturés et exterminés.

Nous pensons aux Juifs, aux Tziganes, aux homosexuels, aux communistes, aux Gaullistes, aux résistants et à tous ceux qui en raison de leur origine, de leur religion, de leur culture, de leurs convictions politiques ou philosophiques ont été la cible de la barbarie nazie.

140.000 personnes ont été arrêtées en application des mesures prises par l’occupant nazi ou par le gouvernement de Vichy. 65.000 parce qu’elles étaient investies dans la lutte contre l’occupant et 75.000, dont 6000 enfants, parce qu’elles étaient Juives. Les déportés ont subi toute la barbarie nazie : les coups, l’épuisement, la faim, les expériences médicales.

De cet enfer, un très grand nombre d’entre eux ne reviendront jamais.

Au total, la Shoah a conduit à la disparition de 6 millions de Juifs. Il faudra attendre le 16 juillet 1995 pour que la France, enfin, par la voix du Président Jacques Chirac, reconnaisse sa responsabilité dans ce génocide.

Mais dans ces heures les plus sombres de notre histoire, la lumière de l’humanité a, parfois, surgit. Des Françaises et des Français se sont levés pour défendre les valeurs auxquelles ils étaient attachés : la liberté, l’égalité et la fraternité.

Ce sont les Justes.

L’histoire des Justes est plurielle. Ce sont des hommes et des femmes qui ont sauvé des Juifs de la déportation, au péril de leur propre vie. Ce sont celles et ceux qui ont empêché l’arrestation de leurs voisins de toujours, ce sont les fonctionnaires qui ont détruit les preuves de l’existence d’une famille juive dans le village, ce sont ces institutrices et instituteurs qui ont caché leurs élèves juifs. Ce sont tant d’autres encore. Leur point commun, c’est la croyance viscérale en l’humanité.

En France, nous en décomptons officiellement 4150 mais nous savons que ce chiffre ne tient pas compte de toutes celles et ceux qui ont tu leur action par pudeur.

Pour toujours, ils demeurent des héros.

Si les Justes ne s’étaient pas levés, nous n’aurions pas eu le bonheur et l’honneur de connaître Lisette Jovignot.

Pour les Chiroquois, Lisette est une citoyenne engagée de notre ville dont elle a été, de 1983 à 2014, l’une des élues les plus charismatiques, en particulier lorsqu’elle a assumé l’importante délégation à l’enseignement dans les équipes de Gérard Funès, notre maire honoraire.

Mais Lisette, c’est aussi le destin d’une miraculée et dont l’histoire familiale se confond avec l’histoire de notre pays. Lisette fait partie des enfants sauvés du Vel d’Hiv et donc arrachés in extremis à la déportation. Elle fut accueillie par une famille de la Ferrière-en-Parthenay dans les Deux-Sèvres. Lucienne et Gaston Dupont, ce sont les Justes qui l’ont protégée.

Si j’ai demandé à Lisette de venir s’exprimer ici, c’est parce que la puissance de son message nous rappelle que cette Histoire est bien réelle.

Le témoignage des déportés et des survivants est essentiel pour que le monde n’oublie pas, pour que l’homme se souvienne toujours.

Transmettre à nos enfants et à nos petits-enfants, le récit de ce passé tragique c’est aussi les mettre en garde contre les dangereuses conséquences de la folie humaine, de l’intolérance, du racisme et de l’antisémitisme.

C’est à ces futures générations, animées par la devise de notre République, qu’il reviendra de construire un monde de liberté, d’égalité et de fraternité.

« Nous sommes libres ». Tel fut le cri des survivants des camps. Telle est aujourd’hui la réalité de nos vies. Sachons préserver ensemble cette liberté. Sachons la garantir à nos enfants. Si nous y manquons, notre présence ici n’a plus de sens.

Je vous remercie.”

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