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Chilly Mazarin > Portraits > Lisette Jovignot

Rescapée du Vel d’Hiv, Lisette Jovignot est conviée par la ville à la Journée du Souvenir des victimes de la déportation, dimanche 24 avril.

Une manière pour la Chiroquoise, élue à Chilly-Mazarin de 1983 à 2014, de faire vivre ce devoir de mémoire qui lui est cher.

” Nous avons été placées dans un bus, je me rappelle être contente de partir pour cette aventure, je ne comprenais pas pourquoi ma mère pleurait…”

“Surtout, restez léger !” voici la consigne dictée par Lisette Jovignot au moment d’aborder la rédaction de son portrait, une heure après nous avoir fait le récit pudique des grandes dates de sa vie. Une vie inéluctablement marquée par la Seconde Guerre mondiale, conflit qui lui a ôté sa sœur, ses 2 parents et les autres membres de sa famille ; de qui l’a plongée très jeune dans les atrocités de la guerre au moment de la Rafle du Vélodrome d’Hiver, dont elle réussit à s’échapper miraculeusement. Mais si Lisette Jovignot ne souhaite pas s’appesantir sur les heures sombres qui ont balisé son enfance, c’est aussi pour mieux évoquer ses 30 ans d’engagements, associatif puis politique, à Chilly-Mazarin, elle qui fut élue à la Prévention au commerce  mais aussi à l’Enseignement sous les mandats successifs de l’ancien maire, Gérard Funès. “Mes plus belles années d’engagement dans la ville.

Le salut par la maladie

Lisette n’est âgée que de 7 ans, lorsqu’elle est arrachée à son domicile parisien avec sa mère et sa sœur en juillet 1942, direction le Vélodrome d’Hiver. De cet épisode, assurément l’un des plus sombres de l’histoire française contemporaine, il ne lui reste que quelques bribes, “son drame.
J’ai des souvenirs du jour de l’arrestation dans notre appartement, des regards peu bienveillants croisés… Nous avons été placées dans un bus, je me rappelle être contente de partir pour cette aventure, je ne comprenais pas pourquoi ma mère pleurait.” Du Vel d’Hiv, elle se souvient de son arrivée “une salle immense, du brouhaha… et c’est tout.” Son salut viendra de la maladie : elle contracte la varicelle, est amenée à l’hôpital Rothschild où, aidée par un médecin, elle parvient à quitter les lieux pour être confiée à sa tante puis à une famille dans les Deux-Sèvres, les Dupont. “À partir de ce moment, j’ai vécu une ensemble à peu près normale” s’excuse presque Lisette Jovignot, comme si “la chance inouïe” dont elle avait bénéficiée altérait la légitimité de son témoignage. Elle ne reverra pas ses parents ni sa sœur, mais gardera un lien éternel avec les époux Dupont, à qui elle fera attribuer la médaille des Justes à titre posthume, en 2018.

Des rencontres décisives

Après cette parenthèse humaine dans les Deux-Sèvres, c’est sa tante qui assure la fin de son éducation, sur Paris de nouveau. En 1952, Lisette débute sa vie professionnelle au Ministère de l’Éducation nationale, en tant qu’auxiliaire dactylo; puis débute en 1954 une collaboration de 20 années auprès de celui qui est alors le ministre en charge de cette administration, Jean Berthoin. Elle le suivra au Ministère de l’Intérieur, puis au Sénat jusqu’à sa retraite en 1974. Savie professionnelle se poursuivra au Ministère des Finances jusqu’en 1995. Arrivée entre temps à Chilly-Mazarin, à la résidence du Cardinal, elle ne tarde pas à s’impliquer dans la vie de la commune, au sein d’une association pour lutter contre la création d’une branche d’autoroute, puis à L’Envol de Chilly, où une autre rencontre va bouleverser son parcours et son engagement : Gérard Funès.
Lisette Jovignot intègre l’équipe de l’ancien maire lors de son 2ème mandat, en 1993, en tant que conseillère municipale déléguée à la Prévention (avec Angèle Coupry et Geneviève Sitri, elle crée le premier club de prévention Rue Verte) puis au Commerce. En 2002, elle devient adjointe chargée de l’Éducation, fonction qu’elle remplira au cours de 2 mandats, motivée par une préoccupation essentielle : l’accès à l’enseignement pour tous.
J’avais un désir de collaborer avec les équipes éducatives et d’aider les enfants au maximum, décrocheurs et en difficulté ” se remémore la Chiroquoise avec passion. ” Beaucoup de choses positives se sont mises en place, on a vu les résultats, avec le sentiment que ce que l’on fait est vraiment utile.”

Aujourd’hui Lisette Jovignot s’évertue à faire vivre ce devoir de mémoire, avec son histoire personnelle qu’elle n’a commencé à partager que très récemment. Un devoir “devenu plus qu’une nécessité ” dans le contexte géopolitique actuel, où il est primordial de “se souvenir des horreurs passées pour éviter de les reproduire.

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Bio Express

16 juillet 1942 Envoyée au Vél d’Hiv lors de la Rafle
1954 à 1974 Travaille auprès du ministre Jean Berthoin
1983 à 2014 Élue à la municipalité de Chilly-Mazarin
2018 Fait attribuer la médaille des Justes à la famille l’ayant recueillie en 1942