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Pierre Letourneau

Chilly Mazarin > Portraits > Pierre Letourneau

Résistant, déporté et citoyen de la ville de Chilly-Mazarin. 

Une fois n’est pas coutume, nous réalisons ce mois-ci un portrait à titre posthume au nom de la mémoire de la Résistance et de la Déportation. La maison de Pierre Letourneau est au numéro 15 de la rue portant son nom à Chilly-Mazarin où habite encore l’ancienne aide-ménagère de la mère du défunt. Elle raconte.

« Jeanne Letourneau était une sacrée bonne femme » lance Mme Delaluque qui a travaillé 8 ans auprès de la mère de Pierre Letourneau. Elle était veuve de guerre, de la première guerre mondiale, après laquelle elle est devenue institutrice en maternelle et a élevé seule ses deux garçons, Philippe et Pierre. Communiste de la première heure, « elle n’était pas toujours commode » confesse l’octogénaire qui se voyait taxée de « gardeuse de vache » quand Mme Letourneau s’impatientait. Philippe, l’ainé des deux frères Letourneau, travaillait comme cantonnier à la ville de Paris et habitait à Bourg-la-reine. C’était quelqu’un de tranquille qui n’a jamais eu d’enfant. 

Néno

« Comme son frère, Pierre était quelqu’un de simple et modeste mais voulait sortir de sa condition d’ouvrier, tout comme Raymonde, la femme qu’il épousa à Chilly-Mazarin en 1931 », explique Mme Delaluque. Sans doute est-ce une des raisons pour lesquelles ils décidèrent d’entrer dans la résistance le 1er décembre 1943. « Nous n’avons pas d’enfants qui nous retiennent, il serait lâche de ne rien faire contre les occupants nazis » cite Lucien Duverger-Chatellet, président de l’ARAC. Pierre Letourneau, résistant communiste répondant au nom de code “Néno“ ainsi que sa femme, agissent par des tâches et des actions modestes mais utiles et efficaces. Pierre devient rapidement chef d’un réseau local de la Résistance. Il compte dans son groupe Pierre Million-Rousseau qu’il chargea de collecter toutes les informations utiles au réseau, notamment sur le mouvement des troupes allemandes dans les gares et sur les routes. Son réseau surveillait également tout ce qui se tramait à l’encontre des Juifs, qu’ils aidaient à cacher. 

Arrêtés et déportés

Dénoncés par un officier allemand infiltré dans leur réseau, Pierre et Raymonde sont arrêtés par la Gestapo à leur domicile de Drancy le 12 avril 1944 au beau milieu d’un repas, « tout était resté tel quel » détaille Mme Delaluque. Pierre Million-Rousseau a toujours exprimé son regret d’être arrivé trop tard pour le sauver. Ils sont ensuite transférés avec 28 de leurs compagnons à la prison de Fresnes. Le 14 juillet 1944, Pierre Letourneau est déporté au camp de Neuengamme, sur les bords de l’Elbe. Il y meurt d’épuisement le 17 janvier 1945 à l’âge de 36 ans. Son épouse dont le nom de jeune fille était Potin, est déportée au camp d’extermination de Ravensbruck. « Elle y a subi des agressions et a raconté qu’ils trainaient les copains pour qu’ils survivent » détaille la chiroquoise « parce que si on ne se levait pas, on était fusillé ». Elle échappe à la mort et apprend le décès de son mari à son retour. « Un matin, Pierre n’a pas pu se lever et on ne l’a pas revu, m’a-t-elle dit » précise la résidante de la maison Letourneau. 

Résister, toujours.

Étrangement, Jeanne n’a jamais voulu revoir sa belle-fille à son retour. Elle n’a d’ailleurs jamais renoncé à l’espoir de revoir son fils, pour qui elle avait une admiration sans borne. Il n’y a pas eu de descendance Letourneau. Jeanne est morte le 1er mai 1965 et son fils Philippe et sa femme, qui venait la voir régulièrement, sont décédés peu de temps après. « Je l’ai su parce qu’ils déposaient un bouquet à chaque commémoration avec la mention “Plus jamais ça“ devant la maison et qu’un jour, cela s’est arrêté » précise Mme Delaluque. « On m’a chipé la première plaque de commémoration. Raymonde aurait voulu planter un rosier mais j’ai refusé pour que les gens ne se blessent pas. » La veuve de Pierre Letourneau a rencontré quelqu’un qui était aussi revenu de déportation avec qui elle s’est mariée et a eu deux enfants. Elle a ensuite consacré beaucoup de temps, fidèle à leur engagement commun de Résistants, à un travail de mémoire et de témoignage dans les écoles de notre ville notamment, en invitant les jeunes à réfléchir et à RÉSISTER… toujours !

Merci à celles et ceux qui entretienne notre mémoire collective et qui ont permis l’écriture de cet article : M. Lucien Duverger-Chatellet, président de l’ARAC, M. Gérard Funès, maire honoraire de Chilly-Mazarin, Stéphane Lerat, responsable des archives municipales et Mme Delaluque, qui s’est occupé de la mère de Pierre Letourneau pendant 8 ans et habite encore sa maison.

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