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Raphaël Chenuil-Hazan

Défenseur des droits humains, à l’écoute du Monde

Une enfance à Chilly-Mazarin

La passion de l’Histoire était presque inéluctable avec deux parents professeurs dans cette discipline. Raphaël Chenuil-Hazan a fait toute sa scolarité à Chilly-Mazarin, de l’école primaire du Château au Lycée Marguerite Yourcenar en passant par le Collège Les Dînes-Chiens, dans lequel sa mère a exercé plusieurs années. Sans être un élève modèle, il montre très tôt un goût pour l’international. Son enfance chiroquoise ne lui laisse que de bons souvenirs, y compris à la MJC, dont son père a assuré la présidence pendant 10 ans. Arrivé à la majorité, quelques difficultés se font sentir pour le jeune étudiant qui avait choisi « une voie dure », pour prouver sa valeur et sa ténacité. Alors que les sciences étaient « sa bête noire », il finit par décrocher son Baccalauréat scientifique (avec un 20/20 en Histoire) et intègre une école d’ingénierie agronome à Cergy, attiré par son ouverture à l’international. « En réalité, j’ai surtout été formé à la débrouillardise et à la flexibilité » explique le Chiroquois qui a ainsi commencé à voyager, « même si j’étais déjà habitué aux voyages avec mes parents, qui nous faisaient partir chaque année avec un budget modeste mais suffisant pour voir du pays et s’enrichir d’apports culturels multiples. »

La découverte de l’Afrique

Après plusieurs stages, comme par exemple chez le plus grand producteur de fruits de Sainte Lucie aux Caraïbes, Raphaël découvre l’Afrique à 22 ans. Il part ainsi pendant 7 mois au Nord du Cameroun pour un stage auprès des Peuls transhumants, les Mbororo. Le jeune apprenti a pour mission de jauger et tenter d’apporter des solutions au conflit qui les oppose aux cultivateurs (de coton) en ce qui concerne l’accès à l’eau. « On m’a donné une moto, je n’en avais jamais fait. Je suis allé voir chaque ethnie, sur les marchés puis dans leurs villages. J’ai cartographié tous les chemins de transhumance ainsi que chaque zone de culture. J’ai fait des milliers de kilomètres », se souvient Raphaël, qui a dû faire preuve d’une grande diplomatie pour tenter d’apaiser ce conflit. « Au bout de 5 ans, j’étais ingénieur agronome. Mais il me manquait de la théorie » explique le Chiroquois, qui complète alors sa formation avec un master d’économie du développement à Nanterre. « J’aurais pu faire “Sciences-Po“ mais venant de Chilly, je ne me suis pas ouvert cette porte. Je pense qu’on se met des barrières injustifiées en banlieue. » Fort de son expérience, il part ensuite au Tchad pour participer à un projet de l’Agence française du développement en coopération avec le Ministère des Affaires étrangères. « En gros, il s’agissait d’être un conseiller auprès de trois ministres tchadiens (eau, environnement, élevage et agriculture). Je devais faire le lien entre l’école et la formation aux métiers dans ces domaines. » Une mission qu’il mènera avec passion et qui lui apportera beaucoup, même si au bout d’un an et demi, Raphaël Chenuil-Hazan décide de mettre fin à son contrat parce qu’il « voulait plus. »

Diplomatie

À peine un mois plus tard, il repart au Niger en tant qu’adjoint au directeur de la Croix rouge sur place, en charge de l’évaluation de la post-urgence. « Il y avait une urgence alimentaire. Je devais évaluer quelles devaient être les priorités pour la Croix Rouge. » Ayant une expertise du développement à long terme, le voyageur se retrouve cette fois-ci dans une situation de crise à court terme qui l’amène à faire beaucoup de diplomatie, notamment auprès d’organisations “onusienne“ (de l’ONU). Après avoir accepté deux fois de prolonger la mission, Raphaël Chenuil-Hazan présente ses recommandations et sa démission, malgré tout « atteint » par cette situation humanitaire catastrophique « et totalement irrationnelle ». Il ne se passe pas beaucoup de temps avant que le globe-trotter accepte de participer « au plus gros programme » du Secours Catholique, suite au séisme suivi d’un tragique tsunami survenu en Thaïlande en 2004. Intervenant principalement en Indonésie, épicentre du tsunami, ainsi qu’au Sri Lanka et en Inde, le coordonnateur des actions de l’ONG travaille pour la première fois depuis Paris et ne se rendra sur place que « deux ou trois fois » entre 2005 et 2009. Suite à cette intense mission, le diplomate a à nouveau « besoin de plus » et décide de chercher une nouvelle activité.

Ensemble contre la mort

« J’ai répondu à une annonce qui n’était pas directement dans mes compétences. » L’ONG “Ensemble contre la peine de mort“ (ECPM) cherchait un nouveau directeur et son expérience faisait de lui un parfait candidat. Il décroche ainsi le poste et s’y investit immédiatement, relevant que la peine de mort est souvent utilisée comme un outil politique, généralement maintenue par les régimes autoritaires, « d’où l’importance de la coopération internationale et des actions collectives dans cette lutte. » L’ONG a d’ailleurs créé une journée mondiale contre la peine de mort (le 10 octobre) et réunit de nombreux pays, chaque année, autour de leur événement phare : le congrès mondial contre la peine de mort.

Robert Badinter

En intégrant ECPM, Raphaël Chenuil-Hazan a rencontré et est devenu l’un des proches de Robert Badinter, Président d’honneur de l’ONG. « Nous partagions notre amour de la République et de la laïcité, nous nous sommes tout de suite plu », explique le Directeur général qui a d’ailleurs fait sa première prise de parole en public avec lui, lors de son premier congrès mondial contre la peine de mort à Genève en 2010, en présence de José Luis Zapatero, chef du gouvernement espagnol de l’époque et d’Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal et Président de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Sous l’impulsion de son directeur et avec un travail d’équipe exemplaire, ECPM, par la diplomatie, a beaucoup fait avancer la cause dans de nombreux pays et est même parvenue à faire abolir la peine de mort au Tchad, pays de cœur de Raphaël Chenuil-Hazan. « Peut-être pas un hasard. »

Observateur pour l’ONU

Aujourd’hui, l’ancien Chiroquois poursuit son combat et le diversifie. Vice-Président du mouvement “Impact Iran“, il travaille entre-autres avec Narges Mohammadi depuis plusieurs années, d’où sa présence à Chilly-Mazarin le 8 mars dernier pour l’hommage que la commune a rendu à la militante des droits de l’homme. C’est d’ailleurs lui qui avait porté le dossier pour la faire citoyenne d’honneur de la Ville de Lyon, l’année dernière. En 2016, il réussit un tour de force et obtient le statut d’observateur auprès du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC), ce qui permet à son ONG d’être plus impliquée au sein de l’Organisation des Nations Unies. En 2017, il fonde la Plateforme Droits de l’Homme « PDH » (www.plateformedh.fr), un collectif d’ONG françaises agissant à l’international pour la promotion et la défense des droits de l’Homme, qu’il préside encore aujourd’hui. Avec tout cela, Raphaël Chenuil-Hazan est aussi un père de famille attentif et présent « autant que possible. » Ses trois enfants et sa femme sont sa priorité, même si le spécialiste de la question de la peine de mort nourrit de nouveaux projets et notamment la création d’une Maison des droits de l’homme en France, pour les ONG, les militants et le grand public. Un parcours international exemplaire qui est donc loin d’être fini et qui a démarré… à Chilly-Mazarin !

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